mercredi 7 décembre 2016

Les manchots et moi...



Une petite explication de ce que je fais sur ma petite île perdue au milieu de nulle part avec mes amis les manchots... 

Pendant la saison des amours, la femelle et le mâle manchot royal paradent pendant quelques jours après avoir effectué leur mue annuelle.

L'accouplement a lieu après la parade et se répète pendant plusieurs jours.

Une fois que l'œuf est pondu par la femelle, la femelle garde l'œuf sous sa poche incubatrice (zone sous le ventre qui est sans plume et que possèdent tous les oiseaux) pendant environ 1 jour.



Puis elle le donne au mâle resté à côté d'elle, pour partir en mer pour manger, car mine de rien ça creuse de pondre un œuf ! Bon le seul truc c'est qu'elle doit parcourir environ 300 km pour trouver la zone où manger ! Donc elle part pour un voyage d'environ 15 jours, le temps de faire l'aller-retour et d'avoir le temps de manger pas mal de poiscailles pour se faire de la graisse comme tout un chacun.


Donc si vous avez bien suivi : le mâle est tout seul avec l'œuf pendant 15 jours ! Bon il n’a pas grand-chose à faire vu qu'il a l'œuf sur les pattes et protéger par sa poche incubatrice (oui, le mâle en a une aussi !). Donc il attend ! C'est long 15 jours sans manger, en dormant mais en ayant un œil sur ses congénères environnants pour ne pas se faire prendre son territoire de 1 mètre carré. Donc les échanges de coups de bec et les coups d'ailerons (oui on appelle ça des ailerons et non des ailes, vu que ça ne lui sert pas trop à voler !) sont le quotidien de notre ami manchot royal !
Sur cette photo, on voit très bien le territoire de chaque manchot au sein de la colonie, ils sont quasiment rangés !
 
15 jours passent... et voici la femelle qui revient, obèse, mais c'est pour la bonne cause vu qu'il va falloir prendre son tour sur l'œuf. Et oui Monsieur Manchot commence lui aussi a bien avoir la dalle !

Donc de nouveau un échange d'œuf pour que le mâle puisse aller manger ! Et la femelle prend son tour de garde !
Tout ce petit manège continue jusqu'à l'éclosion, l'émancipation et la mue du poussin qui, quand il aura acquis un plumage comme papa et maman, pourra aussi nager et aller se nourrir tout seul comme un grand garçon, euh... manchot ! Comme chacun sait le duvet du poussin lui sert à lui tenir chaud mais n'est pas imperméable donc il ne peut pas aller dans l'eau sinon il pourrait mourir de froid et par la même occasion couler car le plumage confère au manchot de la flottabilité qui lui permet d'être… comme un poisson dans l'eau !
Donc petit poussin grandit environ 13 mois avec papa et maman ! Plutôt long comme durée d'élevage, surtout chez des oiseaux ! Mais c'est un peu la même chose pour tous les oiseaux marins, surtout dans ces environnements !



Et c'est là que j'interviens !


  
Je marque un couple de manchots (donc à la fois le mâle et la femelle) au moment où la femelle a l'œuf et que le mâle attend de récupérer son "précieux". J'utilise de la peinture qui résiste à tous les temps, mais qui néanmoins s'efface à long terme. On fait des symboles sur le poitrail du manchot (plumes blanches), et là c'est l'inspiration du moment qui se met en route ! Des fois c'est des lettres, des fois des formes. Bon il faut bien comprendre que le manchot n'aime pas trop être approché par un gros primate en ciré jaune et donc il ne reste pas immobile à mon approche. Donc les formes se voient déformées ! Mais bon ce n’est pas grave ! Du moment qu'il a de la couleur pour le repérer parmi les autres manchots !


J'attends une journée, donc l'échange de l'œuf s'est fait et le mâle reste tout seul avec. Je mets une bague sur le mâle avec un numéro et une couleur : mes bagues sont bleues cette année comme on peut voir sur la photo ! 


 
Mais pourquoi je mets une bague ??? Car la peinture s'enlève au fur et à mesure ! Donc comme ça je le repère facilement. 
Mais pourquoi me direz-vous ne pas mettre des bagues tout de suite au mâle et à la femelle ? Très bonne question ! Le fait de mettre la bague nécessite de tenir le manchot quelques secondes, alors que la peinture (en bombe) est envoyé à courte distance. Donc moins de stress, donc moins de risque d'abandon de l'œuf et surtout moins de chance qu'un des deux individus ne se barre en courant à la mer ! Et là du coup pour repérer le couple et l'œuf dans la colonie quand l'un des deux n'est pas marqué.... ce n’est pas chose aisée !


Et j'attends que la femelle revienne de son voyage en mer pour lui poser à son tour une bague avec un numéro et commencer la mesure de la couleur des taches auriculaires (oranges), faire une prise de sang, mesurer la fréquence cardiaque en continue sur plusieurs jours, mesurer ses mouvements d'ailerons, prendre ses mensurations et la filmer pendant quelques heures sur 6 jours. Tout ça bien sûr quand elle est sur son œuf au milieu de la colonie.

J'ai marqué 43 couples (idéalement il m'en faudrait 50) à ce jour et le 29 novembre, la première femelle de tous mes couples est revenue ! Donc ça commence vraiment ! Car là je faisais que sélectionner des couples jusqu'à maintenant !


Voilà en un peu plus concret ce que je fais de mes journées !

mardi 6 décembre 2016

Traversée à bord du Marion Dufresne


Ça y est ! C’est le grand départ ! Nous sommes le 3 novembre 2016 et l’avion décolle de Paris vers 20h pour atterrir à la Réunion le lendemain matin. 

Le 4 novembre nous voilà à la Réunion après 11h d’avion.


Nous prenons un bus pour rejoindre la ville « Le Port » dans lequel se trouve un port !!!!!!!!!!!!!!!! Etonnant ! Là-bas, nous attend le bateau nommé le Marion Dufresne.  Et des bagages il y en a !!!



Première vision du Marion Dufresne !

Le Marion Dufresne est le bateau océnographique le plus grand d’Europe. Il  a la particularité d’être adapté aux mers difficiles de l’océan Austral avec notamment des propulseurs latéraux qui lui permettent d’être assez stable même au milieu d’eaux agitées. 
Il appartient au territoire TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises) et est armé par la CMA-CGM. Il est basé à la Réunion et effectue : 
  • la logistique pour les îles subantarctiques françaises, Crozet, Kerguelen, Amsterdam-Saint- Paul, et les îles Eparses dans l’océan Indien
  • Recherche océanographique  pour l’Institut Polaire Français – Paule Emile Victor (IPEV)
Chaque rotation dure environ un mois, et il effectue la relève de personnel, la recharge en carburants, l’affrètement de vivres et de matériel sur les bases des îles subantarctiques. Il y a 4 rotations par an. 
Ce navire est unique car il regroupe les fonctions de plusieurs bateaux en un seul : 
  • Un paquebot : transport de peronnel
  • Un cargo : transport de marchandise
  • Un Porte container
  • Un pétrolier (pour le ravitaillement des bases sur les îles subantarctiques)
  • Un héliport avec son hélicoptère
  • Un navire océnographique : réalisation de carottes sédimentaires avec le record du monde de la plus longue carotte !!! 
  • Il contient un Hôpital 
Il mesure 120 m de long, nous étions 104 passagers, 47 membres d’équipages et un commandant soit …. 152 personnes ! Parmi tous ses passagers, 12 touristes peuvent venir effectuer une rotation et visiter les îles subantarctiques pour environ 8000 euros par personne (tout compris bien sûr). 

Pour info : Marc-Joseph Marion du Fresne était un explorateur français du XVIIIème siècle.

Sur le quai, quelques photos en attendant le départ !

Le Marion Dufresne quitte la Réunion pour 5 jours de traversée pour environ 2800 km de distance !! ça commence !!!!


L’hélicoptère vient de se poser juste après le départ du bateau ! A peine arrivé, il est démonté (enfin que les pales bien sûr) et rangé !

Pendant la traversée le beau de temps est au rendez-vous et la chaleur reste avec nous pendant 3 jours ! 
Quelques oiseaux nous accompagnent pendant la traversée ! Des pétrels, des grands albatros (envergure la plus grande avec le condor = 3 m), un cachalot, quelques baleines (pas de photos dsl), des poissons volants (pas de photos), quelques manchots (pas de photos) en se rapprochant vers Crozet. 
 


Et bien sûr des observateurs avec les jumelles !

Et un soleil couchant


L’intérieur du bateau est très confortable : 
Une cabine :
Le restaurant : 
Le pôle scientifique :

Du sport dans les cales : 

Du sport en salle : 
Pour tous les scientifiques qui vont descendre sur les bases des Terres Australes, une formation de secourisme est donnée par le Médecin du Marion Dufresne avec les médecins de chaque district (Crozet, Kerguelen, Amsterdam-Saint-Paul).

On suit la bonne route !
Une séance de philatélie : chaque personne sur les bases possède son tampon de mission et les collectionneurs demandent à recevoir des lettres tamponnées par les hivernants. Voici mon tampon. 

A bientôt pour l’arrivée sur Crozet !